Pour une histoire à raconter !
Petit, j'adorais les décalcomanies. On s'en fout ! Oui. Enfin, non, parce que c'était un peu mes 1ᵉʳˢ pas dans le tatouage ! Les prémices en cdd d'une peau qui ne resterait pas telle que l'on me l'avait offerte.
Bref, si j'te parle de décalcomanies... PAUSE : une décalcomanie est un procédé de transfert sur une surface d'une image dessinée sur un support calque en papier ou plastique. L'image est appliquée à l'envers sur la surface choisie puis "décalquée" sur le dos du support avec un objet quelconque, comme la tranche d'une pièce de monnaie.
Le mec touche sa bille en définition, hein ? T'emballe pas, c'est Wiki.
Où je voulais en venir... OUI, figure-toi que c'est le même procédé que les maquilleurs utilisent en cinéma pour marquer la peau des acteurs/actrices sans les contraindre à finir inévitablement leur vie avec un papillon sur le cul.
Perso, j'ai toujours trouvé que l'idée du marquage temporaire manquait de panache, mais qu’elle s'avère bien pratique depuis que le tattoo a gagné ses galons d'incontournable de la culture pop, lui conférant une place de choix dans les salles obscures.
Quand un art en rencontre un autre, on ne sait plus vraiment qui influence ou a influencé qui. Peut-être même que les 2 s'influencent mutuellement...
Toujours est-il que si dans les années 50 on se servait surtout du faux tattoo pour marquer clichamment (ça n'existe pas non) les caractéristiques d'un protagoniste par ce qui n'était encore qu'un détail épidermique, aujourd'hui, il est totalement intégré à l'histoire au même titre que les costumes, les décors… Certains films en ont même fait un enjeu central.
POUR VOUS MESDAMES, PETIT TOUR D’HORIZON DE MES PLUS GRANDS SOUVENIRS TATOUÉS DU CINÉMA :
Forcément, quand on me parle identification, je pense à l'agent 47, Hitman. Personnage popularisé par le jeu vidéo du même nom, il arbore fièrement un code-barres derrière la nuque, symbolisant à la fois l'absence d'identité et la construction d'une nouvelle à partir JUSTEMENT de ce même flou artistique assumé. Dans l'imaginaire collectif, le code-barres représente l'unicité de chaque être humain et le rejet d'un monde capitaliste où il n'est plus qu'un produit usiné. Ce tatouage restera néanmoins le seul élément qu'on retiendra des 2 films.
On passe un cap, un gros même, niveau qualité. Dans Les nerfs à vif de Scorsese, De Niro a décidé lui-même d'ajouter quelques tatouages à sa panoplie d'acteur. Ce que le réalisateur a très massivement rejeté. N'en reste pas moins qu'ils ajoutent une dimension mystérieuse, instable et nerveuse à un personnage au profil psychologique déjà pas simple et devant soutenir la comparaison avec un Robert Mitchum impeccable dans le film. En résumé, Robert (l’autre) s'est chié dessus et a déclaré la carte magique tatouages ! Le fourbe. Après, je trouve que le résultat lui donne raison. TATOUAGE RASSURANCE !
On retrouve le même genre de délire avec Ryan Gosling dans The place beyond the pines. Son personnage a le corps recouvert de tatouages symboliques tranchant nettement avec son blond platine et sa tronche de poupon. Ici, son interprétation d'un homme en repentance d'un passé douteux est renforcée par ce qu'on imagine être les stigmates d'une vie peinant à s'effacer, nous laissant constamment dans l'attente d'un craquage semblant inévitable. TATOUAGE SUSPENSE !
Autre utilisation en beaucoup moins fine, Tom Hardy ! Il campe dans Warrior un combattant de MMA imposant. Les tatouages sont alors stratégiquement équilibrés pour servir la carrure imposante du bonhomme. Sachant que la plupart sont ses vrais tatouages. Classique/efficace.
Dans le genre efficace, comment ne pas évoquer la claque American History X ?! Là, c'est le minimalisme qui prime. D'un côté, la symbolique de l'épaisse croix-gammée qu'arbore Norton dans le film ne nécessitait, il est vrai, d'aucun artifice supplémentaire pour pleinement s'exprimer. Je me suis rarement senti aussi démuni que devant Derek se foutant torse-poil lors d'un match de basket face à des Afro-américains. Notons quand même l'audace d'une congruence poussée à l'extrême. TATOUAGE GÊNANCE MAX !
Dans Valhalla Rising, si je suis resté démuni, c'est face à un spectacle que je qualifierai poliment de : branlette intellectuelle ! Au-delà de la perte de temps que je me suis infligée, j'ai malgré tout le souvenir d'un Mads Mikkelsen très juste dans ce rôle de viking muet (aucun lien de cause à effet). Les tatouages qu'il affiche reflètent en toute cohérence la brutalité et l'onirisme du film. Parce qu'on ne les comprend pas, oui. TATOUAGE TU PEUX PAS COMPRENDRE, C’EST DE L’ART !
Chose que devait absolument éviter Léonard Shelby dans Memento, de Nolan. Ici, notre héros, avant de devenir amnésique, a judicieusement pris le temps de se tatouer les éléments lui permettant de remonter le fil de son histoire et ainsi débusquer l'assassin de sa femme. Pour le coup, je crois que c'est LE SEUL FILM dont l'intrigue dépend à ce point du tatouage. Devenant l'intérêt principal, je trouve que leur simplicité gagne en esthétisme. TATOUAGE REMEMBER THE TIME !
Créneau que suivront, quelques années plus tard, les créateurs de Prison Break. Suite à l'emprisonnement de son frère pour un meurtre qu'il n'a pas commis, Michael Scofield se fait volontairement enfermer à son tour dans l'objectif de le faire évader grâce aux plans qu'il s'est tatoués sur tout le corps. Si le tattoo reste l'élément décisif du récit, on note un upgrade niveau design. Pas sûr que la clarté en soit sortie gagnante... L'utilité, oui, mais n'oublie pas la bogossitude frérot.
Dans Very Bad Trip, c'est son indélébilité qui sert cette fois de biais humoristique. Ed Helms se réveille d'une soirée un peu trop beaucoup arrosée avec le même tatouage que... Tyson. C'est vrai que c'est drôle ! Ça l'est encore plus quand on sait que Tyson a VRAIMENT ce tatouage sur la gueule et qu'il joue son propre rôle dans le film.
Dans Les promesses de l'ombre et Sin Nombre, c'est le réalisme qui devait être préservé. D'un côté, pour coller au starter pack du criminel russe, de l'autre, à celui du membre de gang hondurien. Laisse-moi te dire que ces deux propositions n'auraient pu tolérer la moindre libellule. TATOUAGE REAL LIFE !
Dragon Rouge, Millenium... J'en oublie forcément des caisses.
À l’arrivée, je ne sais pas à qui sert le plus cette collab entre ces 2 formes d'expression artistique.
Et est-ce qu'on en a quelque chose à foutre ?
Le cinéma a popularisé le tatouage et le tatouage participe aussi au devoir de mémoire envers le 7ᵉ art, si j'en crois le nombre assez important d’hommages aux films que je peux croiser sur les peaux. Moi-même, j'ai 2 tatouages inspirés directement du cinéma de Danny Boyle. Je pourrais dire que c'est une manière d'encrer ma passion sur ma peau avec une autre de mes passions... Mais je trouve l'idée trop méta.
J'approuve que l'un et l'autre continuent de servir ce désir social toujours plus fort de s'exprimer librement, qu'ils restent une porte d'accès à la créativité, à la curiosité, au détail... Qu'ils continuent de nous emmener au-delà de nos croyances limitantes sur l'art et ses effets.
Leur réunion n'est finalement que la conséquence de leur impact social et du lien solide qui les unit : UNE HISTOIRE À RACONTER.
Enfin, PRESK...
Bon, bien sûr tu m’as donné envie de voir Warrior dont je n’avais pas connaissance.
Je n’y ai jamais pensé mais une même rétrospective pourrait être faite dans la musique. Enfin certains types de musique. Le tatouage a moins marqué les esprits dans la musique de chambre.
Mais non, tu n'as même pas évoqué le film Le Tatoué ! J'avoue je comprends - Tiens en passant j'ai repensé à ton post "Tape-toi l'affiche" et si tu t'y remets, "La Cité de Dieu" j'aimerai bien voir ce que ca donne 😉